Choisir son avenir professionnel sera-t-il encore possible dans les années à venir ?

La loi de 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel a transformé le paysage de la formation entraînant avec elle son lot d’effets bénéfiques et négatifs.

Mais concrètement qu’a pu apporter cette loi aux usagers ?

L’impact le plus important reste la monétisation du CPF et avec lui l’acquisition d’un droit individuel à la formation. En effet, depuis le 1er janvier 2019, les droits à la formation acquis par les salariés, sont comptabilisés en euros et non plus en heures (exceptés pour les agents de la fonction publique, qui d’ailleurs n’ont pas le droit d’utiliser seul leur CPF). Chaque année (hormis situation particulière), vous êtes abondé de 500 euros. L’objectif affiché de l’état était de faciliter l’utilisation des droits par les bénéficiaires en procédant du même coup à une baisse de ces derniers. Je m’explique…

Prenons un exemple : Vous voulez vous formez au management et avez sélectionné deux organismes. La durée est la même soit 28h. Cependant, dans le premier cas la formation coûte 2500 euros et dans le second cas 4000 euros. Avant la réforme, si vous disposiez de 28h sur votre compte, libre à vous de choisir votre organisme. Désormais, il s’agit de raisonner prioritairement par la variable prix puisque votre synthèse budgétaire est en euros.

En résumé vous utilisez seul vos droits mais ces derniers sont diminués !

Le deuxième impact, plus difficile à comprendre, est la création de blocs de compétences. Cela signifie que chaque formation certifiante est découpée en blocs de compétences qui valent pour eux même. Ce changement a principalement un impact sur la formation continue (c’est-à-dire la formation tout au long de votre vie professionnelle). Encore une fois mobilisons un exemple :

Vous souhaitez vous former au métier de psychologue du travail car vous êtes conseiller pôle emploi. Ce diplôme se découpe en 4 grands blocs de compétences. Cela vous permet de passer de manière indépendante les blocs et de les mettre à profit dans votre expérience professionnelle actuelle (donc de les valoriser) en attendant de pouvoir jouir pleinement du diplôme dans son intégralité et, le cas échant, de changer de métier où de solliciter une promotion interne.

Quelles sont les pistes analysées par les pouvoirs publics pour les années à venir ?

La première piste explorée est relative à la mise en place d’une restriction de l’accès aux droits à la formation, en d’autres termes de revenir sur des acquis. En prônant la fraude comme excuse majeure, plusieurs axes (possiblement cumulatifs) sont envisagés :

  • Obliger le salarié à demander l’accord de son entreprise pour utiliser ses droits CPF. Il va de soi que les objectifs des entreprises ne coïncident pas nécessairement avec les besoins de leurs salariés et que cela freinera inévitablement l’accès à la formation envisagée par le salarié.
  • Instaurer un reste à charge (le fameux ticket modérateur qui oscillerait entre 269 et 400 euros) pour le salarié qui s’inscrit à une formation et ce même s’il dispose du montant nécessaire sur son CPF pour couvrir les frais de formation.

L’objectif étant de limiter l’usage du CPF, victime de son succès. En effet, France compétences affiche déjà un déficit important qu’il s’agit de résorber par tous les moyens, sous couvert d’agir pour le bien commun.

Le deuxième axe, plus radical encore, serait de retirer certaines formations du CPF. Dans le collimateur, et sans surprises, les formations plébiscités par les salariés sont visées à savoir les formations au permis de conduire, les tests de niveau linguistique et informatique, les formations à la création et reprise d’entreprise et les bilans de compétences. Là encore, on brandit la fraude comme excuse légitime mais finalement cela permet surtout de réaliser de belles économies.

Afin de parfaire le tableau, s’ajoute à cela deux mesures, qui elles, sont entrées en vigueur. La première concerne la réduction des droits pôle emploi et ceux pour tous les demandeurs d’emplois inscrits depuis juillet 2021 bénéficiant de l’ARE (allocation de retour à l’emploi). La deuxième, plus récente encore, assimile l’abandon de poste à la démission. Concrètement cela signifie que vous ne percevez aucun droit pôle emploi et qu’il faudra attendre 4 mois une étude en commission pour bénéficier d’une ouverture de droits éventuelle.

L’objectif clairement affiché est d’empêcher les salariés de quitter leur poste alors que la France éprouve de grandes difficultés à recruter, notamment dans certains secteurs d’activités dits en tension ou pénuriques. En effet, il est plus aisé de contraindre l’individu à rester prisonnier de sa réalité professionnelle ou encore de l’empêcher de changer de vie professionnelle que de réfléchir à l’attractivité de certains métiers en termes de conditions de travail, de reconnaissance et de rémunération.

La formation a toujours été le reflet d’une politique de l’emploi et il est évident que les pouvoirs publics manifestent actuellement une volonté de forcer les individus à occuper certains postes massivement délaissés et plus largement à réduire le champ des possibles en matière de renouvellement professionnel.

Le travail redevient alimentaire et cette pensée, déconnectée des aspirations d’une grande partie de la population à œuvrer à travers leur métier pour une cause, à donner un sens à leur vie professionnelle, à s’épanouir dans leurs missions, témoigne d’une incapacité à repenser le travail en profondeur afin que chacun puisse trouver la place qu’il souhaite dans la société.

D’ailleurs certains sujets sont sur la table depuis longtemps : semaine de 4 jours, management verticale, bienveillance au travail et il serait grand temps de s’en emparer !

Pour ceux d’entre vous qui souhaitent aller plus loin, je joins toutes les sources qui m’ont permis de rédiger cet article :

https://www.vie-publique.fr/questions-reponses/271537-six-questions-sur-la-reforme-de-lassurance-chomage

https://www.akto.fr/retour-reformes-formation-professionnelle-depuis-2013/

https://www.liberation.fr/economie/cpf-le-gouvernement-envisage-t-il-de-faire-payer-une-partie-de-la-formation-a-ses-titulaires-20221107_7XM67A6LFVEGFHDLXG2JDA6T3Q/

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